Pères Pops et la Brasserie Bos,
10 ans d’une histoire populaire et conviviale

Publié le 27 décembre 2021

Nous avons rencontré Greg Back chez lui aux Pères Pops à l’automne 2020, pour fêter les 10 ans de la Brasserie Bos avec son partenaire historique -parce que le premier- qu’est cette institution parisienne.

Paris venait de se déconfiner (à l’époque ça n’était même pas un verbe…), et notre entretien doux-amer oscillait entre l’évocation de 10 ans de soirées échevelées et l’incertitude qu’elles ne reviennent jamais. Toujours pourtant, elle nous ramenait à la convivialité partagée, aux soirées entre amis, au brassage populaire devant et derrière le comptoir ; et le danger de leur disparition entre distanciation sociale et fermetures répétées de nos estaminets préférés.

Plutôt qu’un hommage mélancolique à l’extraordinaire aventure des Bars Pops, nous avions décidé de publier notre Manifesto Chinchin pour la défense du lien social et de la convivialité. Des valeurs communes à la brasserie, aux Pères Populaires, aux bistrotiers en général et à leurs clients, mais jamais si bien incarnée que par la Fabuleuse Aventure des Pères Populaires…

Le bar des Amis

Et si on ouvrait un bar les copains ? En 2001 l’odyssée de ce qui ne sont pas encore les Bars Populaires commence comme une discussion de fin soirée arrosée.

« Faites sobre les choses que vous vouliez faire bourré, ça vous apprendra à fermer vos gueules » disait déjà Hemingway.

Vingt ans et une pandémie plus tard, force est de constater que ce discret empire de la limonaderie parisienne aussi sympathique qu’invraisemblable, n’était pas qu’une idée d’ivrogne, et a véritablement changé le visage des cafés de quartier parisiens.

Derrière le comptoir du Bar des Amis, leur première affaire de la rue Gabrielle se constitue, autour de Florent, Julien, Greg et Raman le noyau de ce qui sera en 2006 la Société des Bars Populaire. Celle-ci démarre une expansion impétueuse et bordélique avec l’ouverture des Caves, des Pères Populaires, La Bouche, L’Orillon, Au Passage, Bones/Jones, La Bricole, une salle de concert à Ménilmontant, et bien d’autres encore.

« Certains d’entre nous étaient très axés musique, on a commencé directement avec quatre concerts gratuits chaque semaine aux Pères Populaires » nous raconte Greg Back, père fondateur de cette institution dans son établissement de la rue de Buzenval.

« On amenait même des fanfares les mercredis. C’était fabuleux et chimérique, mais pas viable avec les voisins, surtout pour un bar de quartier... On a arrêté au bout d’un an mais notre réputation festive et conviviale était faite. »

Leur empreinte stylistique, une déco inédite de murs nus égayés par des toiles de copains et une déco chinée de bric et de broc, s‘est maintenant imposée comme le standard des bars parisiens qu’ils soient populaires ou non... Quinze ans plus tard, les tauliers se sont calmés mais l’antre populaire au mobilier hétéroclite est toujours aussi accueillant. On pourrait passer la journée dans l’un de ces fameux canapés cabossés du matin au soir en passant par l’happy-hours de l’après-midi.

Populaire (adj.) : accessible et de bon goût.

Surtout, les Pères Pops, ont inventé le bar populaire parisien moderne, et fidèles à leur nom ont toujours suivi leur principe initial d’offrir de bons produits à des prix à la portée du plus grand nombre, afin de préserver la diversité de leur clientèle, et le brassage culturel autour de leurs tables communes. « L’argent que nous ne mettions pas dans la déco, nous le mettions en cuisine. Nous avons été les premiers à proposer des cafés à 1€ et des plats à 10€ à Paris, dans les années 2000, ça n’existait pas ».

Greg continue : « Notre ambition a toujours été d’offrir des produits de qualité à des prix accessibles. Nous sommes progressivement sortis des circuits de grossistes et intermédiaires pour aller nous fournir directement chez les fermiers et éleveurs pour la viande, certains maraîchers pour les légumes et mareyeurs pour le poisson. »

Greg et ses associés ont suivi la même démarche en boisson avec le ‘Vin Pop’, un premier prix qui fonctionne bien auprès des clients avant de faire de même avec la bière : « Notre fonds de commerce c’est l’hospitalité chaleureuse, le partage, les soirées festives ou les pintes s’enchainent jusqu’à tard dans la nuit. Ça représente jusqu’à 40% de notre chiffre d’affaires. » affirme Greg, « Aujourd’hui le secteur pullule de microbrasseries et de bières artisanales, mais à l’époque c’était inconnu, nous servions tous de la bière industrielle grand public. »

La Bière de Bourges

Entre les Pères Pops qui mettent la convivialité au centre de leur entreprise, et Yves le brasseur berruyer organisateur de soirées débridées à la brasserie, le courant passe forcément, d’autant qu’Yves vient de lancer ses bières sur mesure qui deviendront plus tard The Beer Fab. Les associés lui envoient des échantillons de bières qu’ils apprécient, Yves revient avec plusieurs propositions.

Ils choisissent une Blonde Bio à la pression. Comme le prix est supérieur à leur bière de soif et pour associer la bière au lieu, ils l’appellent la « Bière de Bourges », un jeu mot aussi fidèle à l’esprit des Pères Pops qu’à celui de la Brasserie.

« Bien qu’étant sensiblement plus chère, elle a toujours été perçue comme un excellent produit, déjà parce qu’elle se démarque par sa couleur, un peu miel, ensoleillée, mais surtout parce qu’elle est typée bien que légère, avec une amertume qui lui est propre. »

« Parce qu'elle se démarque par sa couleur, un peu miel, ensoleillée, mais surtout parce qu’elle est typée bien que légère, avec une amertume qui lui est propre. »
Bière de Bourges des pères populaires

10 Years after…

10 ans après les bières artisanales ont envahi les comptoirs parisiens, mais la Bière de Bourges vendue maintenant en bouteille, reste le choix des clients qui cherchent à sortir du tout-venant, ou désirent spécifiquement une bière de qualité, artisanale, bio et au goût affirmé d’une blonde pas tout à fait comme les autres…

Pendant ce temps, la Société des Bars Populaires s’est développée au gré des établissements, chaque ouverture amenant de nouveaux associés dans un modèle jubilatoire et anarchique qui a compté – on pense- jusqu’à 33 ou 35 associés, bien personne ne le sache vraiment.

« La structure était devenue tellement compliquée, que les banques ne comprenaient rien, et à dire vrai nous non plus » avoue Greg, « En 2016 on a dû rationnaliser le modèle, réduire le nombre d’associés et partager certaines affaires entre nous, la séparation était inévitable. »

Fidèles à leur histoire de copains, les amis vont dissoudre leur association et se séparer mais sans se fâcher insiste Greg, d’ailleurs, certains monteront encore quelques affaires ensemble, et tous continuent de se voir amicalement, dans les établissements des uns et des autres.

Greg, a aujourd’hui trois bars et restaurants, un quatrième en projet, et échange toujours avec ses ex-associés. « notre identité c’est la convivialité, la fête, les soirées entre amis ; c’est difficile à préserver dans le monde post-Covid, mais la bataille vaut le coup d’être livrée. »

Une bataille, qu’assurément, nous livrerons ensemble !